L'opposition entre livre tangible et intangible n'a pas lieu d'être

Publié le 26/09/2016 par Martin Lambert

En quoi un cycle prospectif sur le livre et la lecture intéresse le Laboratoire Arts et Technologies de Stereolux ? Rencontre avec son responsable, Martin Lambert.

Ce cycle intéresse le Laboratoire à plusieurs égards. La question des liens entre univers du livre et numérique est un sujet qui est particulièrement sensible aujourd’hui. On a souvent tendance à opposer un univers du livre « tangible » à un univers numérique « intangible », voire antagonique avec la nature intrinsèque du livre qui se matérialiserait forcément par une expérience physique. Or il apparaît clairement que cette opposition n’a pas lieu d’être, et qu’il y a énormément de complémentarités à imaginer entre livre et numérique, sans dénaturer l’un ou l’autre de ces univers.
On peut citer par exemple les différents projets que nous avons présentés dans le cadre de l’exposition Liber Numericus cet été, qui montrent que le numérique permet surtout d’envisager le livre et la lecture sous des angles nouveaux et originaux. Il nous parait intéressant de permettre des croisements entre ces deux univers et de favoriser l’émergence de projets qui soient pertinents aussi bien dans leur dimension artistique et culturelle que dans leur dimension technologique.

Autre point important à nos yeux : l’approche prospective. Même si l’enjeu de ce cycle ne porte pas sur des réflexions à très long terme, il est important pour nous de proposer une approche qui permette aux structures qui nous accompagnent et aux participants aux différents événements de « prendre de la hauteur » sur ce sujet.
L’objectif n’est pas seulement de proposer des réponses concrètes aux problématiques soulevées par la thématique, mais peut-être surtout de faire se croiser des profils ou des acteurs, d’ouvrir des pistes de création… Bref, l’idée est de construire une réflexion partagée entre plusieurs acteurs de manière à anticiper au mieux les changements à venir dans ce domaine. Je pense que c’est caractéristique du rôle que peut jouer le Laboratoire de manière générale : permettre, grâce à des collaborations entre artistes, designers, ingénieurs, etc. d’envisager un sujet sous un angle original, et ouvrir ainsi de nouvelles pistes de créations originales, qui n’avaient pas été envisagées jusqu’à présent, même si elles ne se matérialiseront pas forcément dans l’immédiat par des produits ou des services.

Enfin, soulignons l'originalité de la démarche : l’alternance entre temps « théoriques » (conférences, tables rondes,…) et temps « pratiques », ainsi que l’accent mis sur l’implication des usagers et l’expérimentation, s’inscrit dans la démarche mise en place par le Laboratoire depuis plusieurs années. L’intérêt est ici de toucher un public large et d’aller très vite vers des propositions matérialisées qui vont pouvoir être testées et critiquées par toutes les personnes impliquées.
C’est un point important pour nous car cela permet de ne pas rester à un niveau abstrait, théorique, et de faire converger réflexions de fonds et contraintes de terrain en se basant sur des propositions tangibles. Pour cela, l’implication d’acteurs locaux est un point essentiel qui va permettre de partager et de discuter les retombées de ce cycle, de manière à enrichir les réflexions des uns et des autres.

L’idée est d’ainsi proposer une collaboration sur le moyen terme, puisque les expérimentations dureront plusieurs mois, et d’engager un dialogue constructif plutôt que de se limiter à une liste d’idées ou d'envies sans matérialisation, et qui ne pourront donc pas faire l’objet de débats, de critiques, que ce soit avec les structures partenaires ou avec les usagers.

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