Solstice et au-delà, de Cathie Barreau

Publié le 23/03/2018 par Claire-Neige Jaunet
Catégorie

Avec Solstice et au-delà, Cathie Barreau nous livre une série de poèmes subtils autour du passage des saisons. Surtout, se profile un rêve de paix et l'oubli de la "tristesse terrible de la guerre". Lecture de Claire-Neige Jaunet.

Solstice et au-delà: un beau et touchant recueil de poésie de Cathie Barreau paru aux Editions Tarabuste, et aussi une plongée dans le cœur de l'hiver et de son symbolisme... Solstice : les nuits sont longues, nous sommes dans le gel, la lenteur, "les vents féroces", et la clarté de la neige traversée du "seul mouvement de l'hiver", celui des oiseaux; la bise est "froide et coupante", et c'est Noël, avec les "guirlandes fières" des villages et la récolte de mousse "dans les sous-bois pour la crèche"... 

Le solstice, c'est aussi un passage : "nous cherchons à franchir le creux de l'année", et les saisons s'emmêlent, les nuits d'hiver sont "chaudes" et "la fenêtre ouverte sur l'hiver se veut printemps". 

Solstice : une année se termine et une autre s'annonce. Bientôt l'hiver "s'efface devant le printemps". Dans l'ombre et le silence il y a "la dormance des semailles", qui attendent leur heure ; il y a "les fleurs de janvier" qui "étonnent", et, déjà, l'éclosion du mimosa et des jacinthes... La lumière fait reculer la pénombre, et avec elle "nous abandonnons les pensées mortifères" et "nos cœurs y voient plus clair". En passant "de l'autre côté du solstice" on se prend à accueillir l'éveil, "la douceur dans le lointain", la joie, l'attente, le repos, la tranquillité...  

Des rêves de voyage nous portent vers le Soleil des Terres du Levant, endroit du monde que la romancière de Comment fait-on l’amour pendant la guerre ? (Buchet-Chastel, 2014) connaît bien. Et surtout, surtout, se profile un rêve de paix et l'oubli de la "tristesse terrible de la guerre". Car "être au-delà du solstice, c'est comme avoir traversé la mort", et les tombes deviennent un "pays lointain". C'est ainsi que le rythme saisonnier d'une année prend une valeur initiatique et nous apprend à "quitter l'hiver septentrional" et à passer, en nous-mêmes, au-delà du solstice.

Comme un point d'orgue, une expression se détache à la fin de chaque poème et le prolonge, à la manière d'un titre qui serait placé là où l'on ne l'attend pas. Ou plutôt : à la manière d'une invitation à revisiter le poème, en tenant une petite lumière pour faire surgir les "soleils invisibles". Un recueil de poésie tout en finesse et en délicatesse.

Solstice et au-delà, de Cathie Barreau, Éditions Tarabuste, 65 p., 11 €, n° ISBN 978-2-84587-379-7. 

portail alip