La Grande Villa, de Laurence Vilaine

Publié le 05/09/2016 par Christine Marzelière
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La Grande Villa, le nouveau récit de Laurence Vilaine, est un face-à-face avec les mots nécessaires, essentiels, pour repartir après un deuil.

On a découvert Laurence Vilaine avec un premier roman très réussi, Le silence ne sera qu’un souvenir, publié chez Gaïa en 2012. En attendant le deuxième, à paraître chez le même éditeur, elle nous offre un bref texte autobiographique, La Grande Villa, surgi à l’occasion d’une résidence d’écriture à Marseille, organisée par la Marelle. Laurence Vilaine a séjourné dans ladite villa une première fois et s’y est rendue de nouveau après la mort de son père.

Ce texte d’à peine 80 pages prend corps tout entier dans cette belle demeure, qui devient un véritable personnage et l’intérieur de celle-ci – objets, meubles –, les compagnons de son hôte. Son atmosphère paisible, protectrice, bienveillante, solaire, permet à l’auteur de nouer un dialogue imaginaire avec le père récemment défunt, au cours de ce séjour en solitaire, partagé entre siestes dans la maison et séances de nage sportives et bienfaisantes. Sont évoqués les derniers instants passés entre le père et la fille – “la dernière fois nos mains ensemble, c’étaient les miennes autour de la tienne, sans la serrer pour ne pas te réveiller”, l’enfance bien sûr, par petites touches délicates et sensibles, mémoire des odeurs, des couleurs, des lumières…

Il y a beaucoup de pudeur dans cette histoire intime, il ne s’agit pas de confidences mais plutôt d’un retour sur soi franc et sincère pour pouvoir continuer à avancer, repartir après le deuil.

L’écriture est faite à la fois de simplicité et de recherche de précision, et l’on suit le face-à-face de l’auteur pour trouver les mots nécessaires, essentiels à ce moment. La poésie est là souvent, avec un art de la métaphore qui faisait l’une des grandes qualités du livre précédent. Ainsi dit-elle “quand je gratte à sa porte ou que je cogne, l’écriture ne répond pas, et quand je cours et la rattrape, elle change de trottoir et chausse ses lunettes noires”. Il semblerait bien que Laurence Vilaine est bel et bien en train d’attraper une écriture, la sienne, belle et humble, qu’on a hâte de suivre et de voir s’épanouir.

La Grande Villa, éditions Gaïa, 84 pp., 8,50€, ISBN  : 978-2-84720-715-6