Cézanne Rodin Picasso Twombly… L’ouvert sans fin des peintres, par Jean-Paul Marcheschi

Publié le 23/01/2017 par Carole Poujade
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Cet ouvrage, notes d’un peintre tour à tour critique, historien et pamphlétaire sont avant tout l’hymne d’amour d’un homme à son art.

“Au commencement n’est pas le verbe. Au commencement est la lumière.” Jean-Paul Marcheschi a-t-il choisi, pour cette raison, la peinture comme forme artistique privilégiée d’expression ? Elle semble supérieure car antérieure au langage et universelle. Mais il n’y aurait pas de société sans langue.

Les disciplines au final se rejoignent, au cœur de la longue histoire de l’Homme. Ces notes publiées sous le titre Cézanne Rodin Picasso Twombly… L’ouvert sans fin des peintres sont ainsi une visite philosophique de la peinture à l’image de l’artiste qui fait corps avec sa toile. Avec beaucoup d’emphase, et comme une gestuelle qui traverse les pages, une certaine violence dans l’expression parfois, Jean Paul Marcheschi dresse un plaidoyer pour la peinture.

Il se fait critique pour vanter ses “maîtres”, conspuer la civilisation de l’image ou regretter les errements des surréalistes. Il nous livre sa vision personnelle : “L’art avant d’être esthétique est d’abord anthropologique et solitaire”.
 
C’est pourquoi Jean-Paul Marcheschi aime Cézanne ou Twombly, qui au lieu de détruire le passé, l’approchent, le font évoluer et créent de nouvelles formes d’expression. Ils ont cet amour des anciens et voient la peinture comme “un seul et même fleuve”.

Ecrit notamment à destination des étudiants, cet ouvrage se veut aussi pédagogique. C’est le développement du commerce qui fit la suprématie de la peinture à l’huile sur l’aquarelle et le papier… Il établit des analyses comparées sur la représentation des femmes et de l’amour: Les demoiselles d’Avignon de Picasso face aux Grandes baigneuses de Cézanne.

“Qu’avaient-ils donc à exprimer de si pressant de si vital et dans toutes les parties du monde ceux qui, à l’aide de simple terre brûlée, de pollen, d’orpiments, de branches calcinées, munis de pinceaux fabriqués à l’aide de poils d’animaux ou de fibres végétales… se précipitèrent sur les parois des cavernes, sur les murs, sur les tableaux ?” L’écriture est enflammée et poétique.  La révolte sourd. “D’où vient ma gêne devant tant d’œuvres contemporaines qui semblent aller dans le sens de cette société qui pointe et lui servent de faire valoir  ?”

Restent la quête du beau, la magie de la création, la déviation qui créera l’œuvre… “L’art n’est-il pas l’unique événement que l’histoire finalement retiendra ? Beaucoup de nos idées changent et se périment au cours de l’existence. L’art, non !” Pour combien de temps encore  ?

Cézanne Rodin Picasso Twombly… L’ouvert sans fin des peintres, par Jean-Paul Marcheschi, Éditions Plessis-Art3,  177pp., 24€, ISBN: 978-2909417172.