L’importun, de Aude Le Corff

Publié le 16/07/2015 par Charlotte Desmousseaux
Catégorie

Aude le Corff vit et écrit à Nantes. Son deuxième roman, L’importun, est un livre bouleversant.

Ce roman est d'’une très grande sensibilité ; on a du mal à quitter une fois la lecture enclenchée.

L’ambiance monte crescendo pour nous laisser une fois le livre refermé, et dans les semaines qui suivront, un peu essorée et emplie de questions : peut-on un jour comprendre ses parents ? et vivre sans regret ?

Lorsque la narratrice emménage, avec son mari et ses enfants, dans une nouvelle maison paisible en bord de mer, elle n’imagine pas que l’ancien locataire va revenir hanter les lieux. Ce vieil homme taciturne a été remisé en maison de retraite par ses deux filles. Mais un jour, le voilà qui “ouvrit la porte sans sonner, essuya ses pieds, (…), pénétra ensuite dans le salon, qu'il traversa d'un pas lent sans (la) saluer.”

Ne sachant trop comment réagir, la narratrice le laisse reprendre sa place, et ses habitudes, dans cette maison qui fut la sienne des années durant.

Cette présence va transformer la vie de cette femme repliée sur elle-même et ses souvenirs d’enfance et la confronter à ses propres démons familiaux, figure du père, colères et fuites.

Quels sont les secrets de ce vieil homme ? Ce roman d’Aude Le Corff touche au silence des hommes, aux apparences sociales qui leurs sont imposées et à la souffrance qu’engendrent, de père en filles, les secrets accumulés.

C'est un livre sur la solitude des pères, un livre plein d’émotion et de tendresse. Mais il s’y déploie également une ambiance proche de certaines œuvres japonaises, quand les fantômes semblent côtoyer les vivants.

L’importun, Aude Le Corff, Stock 2015, 17.50€

 

(Cet article est une version augmentée d'une note de lecture publiée précédemment par Charlotte Desmousseaux dans Bigre, "féminin mixte des parents modernes".)