"Nous sommes livres" à Malakoff (Nantes) : la navette qui tisse le partage

Publié le 23/05/2016 par Antoinette Bois de Chesne
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Depuis bien longtemps, les éditions MeMo ont fait le choix de ne pas mettre leurs livres au pilon, elles les donnent à diverses associations engagées sur le terrain de la lecture et de l’enfance. 

Remettre les livres en circulation est pour Christine Morault, fondatrice de MeMo, une façon de « lutter contre cette obsolescence programmée du livre et de la culture. »

Depuis plus d’un an, les livres prennent donc la direction du quartier de Malakoff au rythme de 2 000 exemplaires tous les 3 ou 4 mois. Ils sont triés par la bibliothèque qui en garde une partie et redistribue le reste dans les écoles. L’idée est de les donner aux enfants pour générer des activités et des jeux. L’éditrice précise : « trouver un acteur économique du livre dans un projet de ce type est relativement rare. »

« Ça s’est fait petit à petit. La première année la bibliothèque a développé des ateliers à partir de livres de MeMo et un projet avec les groupes du « français au quotidien » de l’Accoord. Ces derniers ont entamé un travail d’écriture avec le livre d’Anne Bertier « Rêve-moi une lettre » à partir d’objets qui leur était précieux, témoignant de leur parcours  » raconte Sandrine Lefrançois, médiatrice du livre.

Puis, des demandes de subventions lancées auprès de la Drac et de la Fondation SNCF sont couronnées de succès. Avec plus de moyens, les divers ateliers se poursuivent, des sacs de tissus sont imprimés (avec le beau dessin de Junko Nakamura ci-dessus).

Au printemps 2016, sont organisées deux rencontres festives avec la venue d’auteurs publiés par MeMo : Anne Bertier fin avril et Malika Doray début mai. Ces temps forts rendent visibles les actions réalisées sous forme d’expositions soutenues par une scénographie de Diana Cilan.

Et pour la suite ?

Pour la bibliothèque : « On n’a pas l’habitude de projets aussi importants, je suis la seule salariée et beaucoup de bénévoles se sont fortement impliqués. Le fait qu’on soit implantés depuis longtemps sur Malakoff permet une relation de connaissance mutuelle avec les habitants, c’est pour cela que ça marche. Le partage se fait avec les enfants, les familles, les habitants. On est dans une société du zapping dont il ne ressort pas grand-chose. C’est prendre le temps qui permet de tisser des liens, les petites actions au quotidien peuvent changer la donne. Le partage est un voyage au long cours. Et ça fonctionne très bien, on voit les effets sur les enfants qui reconnaissent les livres, les illustrations et même les auteurs ! Nous n’avons pas fixé de durée, on avance, on verra en fonction de prochaines subventions, l’essentiel est de poursuivre la réalisation de belles choses qui mettent en valeur le travail des gens. »

De son côté, Christine Morault confie dans un sourire : « Malakoff est mon ancien quartier. Quand je suis venue de Paris, après être allée au Brésil, j’y suis restée pendant toute la scolarité de mes enfants, ce qui crée un attachement affectif ! D’autres personnes voudraient qu’on réplique cette action sur d’autres quartiers, c’est une demande qui vient des gens et ça serait très bien si ça pouvait se faire ! »

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