Le titre du dernier livre de Marie Darrieussecq, Fabriquer une femme (2024), pourrait concentrer, à lui seul le travail de l’écrivaine. Cette grande soirée littéraire nous engagera sur le chemin d’une oeuvre remarquable.
Elle fut inaugurée voilà bientôt trente ans avec le très étonnant Truismes (POL, 1996), dont le motif central est la transformation d’une femme en truie. Un livre dans une veine semi-fantastique qui porte déjà un regard politique et social sur le statut de la femme. Suivront, parmi d’autres et chez le même éditeur, Naissance des fantômes, Clèves, Il faut beaucoup aimer les hommes…Les romans de Marie Darrieussecq travaillent les stéréotypes : ce qu’on attend d’une femme, ou les phrases toutes faites autour du deuil, de la maternité, de la virginité. Elle se penche sur les mutations des corps, les transformations intimes, le désir. Sa langue est remarquable, drôle et cruelle, d’une inventivité et d’une radicalité rares. Enfin et sans rien divulguer de l’oeuvre c’est aussi à un puzzle romanesque que les lecteurs participent livre après livre. Sentiment jouissif s’il en est !