Général Instin Anthologie, ouvrage collectif

Publié le 15/12/2015 par Anthony Poiraudeau
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Au sommaire, plusieurs auteurs ligériens, tels que Guénaël Boutouillet, Delphine Brétesché, Anne Kawala, Éric Pessan, Marc Perrin et Laurence Werner David.

Général Instin Anthologie, ouvrage collectif publié aux éditions Le Nouvel Attila, rassemble des dizaines de textes et de créations visuelles émanant de l’intrigante nébuleuse Général Instin.


En 1996 au cimetière Montparnasse, l’écrivain Patrick Chatelier tombe nez à nez avec une tombe exhibant un saisissant vitrail érodé par le temps. La chapelle funéraire indique le nom de “Général Hinstin” ; sur le vitrail, le visage du défunt est largement recouvert de taches, internes au verre, qui ressemblent à des continents inconnus sur une carte ou à de mystérieuses concrétions géologiques.

En 1997 et 1998, après qu’il a fait réaliser, par Juliette Soubrier, une photographie du vitrail et alors qu’il intervient dans un squat artistique, Patrick Chatelier voit, sans l’avoir décidé ni vouloir l’empêcher, des artistes s’approprier la figure du Général Hinstin et décliner ce que suscitent en eux cette image d’un visage absenté et la mémoire en bonne partie effacée qu’elle ouvre. Le travail autour de ce Général devient alors collectif et pluridisciplinaire.


Dès lors, auteurs et artistes “instiniens” ont fait leur le Général bientôt rebaptisé Instin, sans H (pour émanciper du défunt montparnassien une figure devenue infiniment plastique) et fait essaimer la nébuleuse. Qu’est-ce alors que le Général Instin, et que fait-il ? L’ouvrage Général Instin Anthologie rassemble des réponses parmi les innombrables possibles, et les multiples qui ont été formulées sur différentes revues (notamment, en ligne, remue.net et Hors-sol), festivals ou résidences d’artistes.

Éric Pessan en fait un virus informatique, Guénaël Boutouillet et Patrick Chatelier en font un pur pullulement, ou un fantoche que chacun malmènera ou glorifiera à sa guise, tel un souvenir d’enfance, un officier d’opérette ou un spectre fugitif.

“On entre dans un mort comme dans un moulin”, écrivait Sartre à propos de Flaubert, et les Instiniens nous rappellent que, tout aussi bien, un mort peut entrer en nous comme dans un moulin, et prêter son nom à tout l’espace du commun non assigné, où le nom du mort est un nom de code et un texte proliférant.

Le Général Instin est à la fois toute la fiction potentielle du monde et tout l’espace de ce qui manque, que chacun peut décider de nommer Général Instin, pour commencer à lui donner une forme.

Général Instin Anthologie, éditions Le Nouvel Attila, label Othello [lien : http://www.lenouvelattila.fr/general-instin-anthologie/ ], octobre 2015, ISBN 979-10-95244-00-4